Un espoir fou – un documentaire de KTO par Virginie Berda

Un espoir fou

Sur le continent africain, la folie fait peur. Les malades mentaux sont souvent délaissés par leur famille et guère pris en charge par les Etats. Dans ce documentaire diffusé en novembre 2015, Virginie Berda brosse le portrait et montre l’action de Grégoire Ahongbonon, 63 ans, qui a donné sa vie à ces «oubliés des oubliés» ; un homme que KTO a eu la chance de rencontrer dans Un coeur qui écoute en 2014.

Avant de devenir une figure de la psychiatrie africaine, de recevoir le prix mondial de la lutte contre l’exclusion sociale décerné par l’OMS en 1998, d’être le récipiendaire du prestigieux prix Van Thuân de la Fondation San Matteo (en lien avec le Conseil pontifical Justice et Paix) en 2010, l’homme n’était qu’un réparateur de pneus né au Bénin et ayant émigré en Côte d’Ivoire en 1971 pour faire fortune. Après le temps de la prospérité vint celui du déclin puis la faillite. Ecrasé sous les dettes, ce père de famille de six enfants sombra dans la dépression. Sur le point de se suicider, il retrouva cependant le chemin de l’Eglise lors d’un pèlerinage en Terre Sainte en 1982. Une épreuve qui lui permit de voir ceux qu’il ne voyait pas auparavant : des fous errant nus dans les rues des villes ou, à la campagne, enchaînés à des arbres pendant des années.

Dès lors, Grégoire Ahongbonon a choisi de consacrer sa vie à ces aliénés : avec son épouse Léontine, il a fondé l’Association Saint-Camille-de-Lellis. Comme on le voit dans ce documentaire  Grégoire Ahongbonon, laïc désormais affilié à l’ordre des Camilliens, a fait bouger des montagnes : dans la vingtaine de centres en Côte d’Ivoire, au Bénin ou au Burkina Faso, des centaines de patients sont désormais soignés et beaucoup y guérissent.

Rencontre avec ce « sauveur de fous » qui continue de se battre contre les préjugés et les archaïsmes de sa société. Un homme grâce à qui, dans les régions où il y a des centres, on n’enchaîne presque plus les malades, on les amène à la consultation.